Publié le 19 décembre 2022
Le surf est aussi un sport d'hiver : Pauline Ado vous le prouve
Crédit photo : © RiBLANC

Le surf est aussi un sport d'hiver : Pauline Ado vous le prouve

Comment et pourquoi surfer en hiver ?
EXTRÊME, SPORTS D'HIVER
|
Outdoor, Interview

Du surf dans un numéro d’hiver ? Oui, c’est possible. Et volontaire. Car il se pourrait bien que le swell ne soit jamais aussi bouillant que lorsque l’eau est froide. La preuve avec Pauline Ado, l’une des meilleurs surfeuses françaises, vice-championne du monde en 2022, qui nous présente tous les plaisirs divers que confèrent le surf d’hiver, chez elle, sur la Côte basque, à Anglet. 

QUE FONT LES SURFEURS L'HIVER ?

Pour commencer, une question simple, brute : peut-on être surfeuse et aimer l’hiver ?
Oui, la preuve, j’aime l’hiver. Pourquoi ? D’abord car il est synonyme de régénération, chez moi, à Anglet, auprès de mes proches, après une année de vadrouille pour les compétitions ; mais aussi car il s’accompagne le plus souvent de bonnes conditions de surf, d’une plus grande solitude dans l’eau et de belles couleurs, grâce au soleil qui ne monte jamais très haut. Ce que j’aime un peu moins en revanche, c’est lorsque les températures baissent de manière extrême, comme hier (l’interview a été réalisée début décembre), où il faisait 2°C dehors et 12°C dans l’eau. Quand tu arrives à la plage, mettre ta combinaison est déjà une épreuve en soi. 

Généralement, tu fais quoi l’hiver ? 
Je passe l’hiver à la maison, chez moi, dans le Pays basque, à Anglet, où je suis née. Je profite de ce break, de mi-novembre jusqu’à fin février, pour préparer consciencieusement la saison prochaine. J’effectue un gros travail foncier et de préparation physique spécifique pour poser les bases de 2023. Du cardio, du renforcement musculaire, de la proprioception, de la pliométrie, du gainage, des étirements ainsi que du vélo et de la course à pied... Je vais toujours à l’eau, mais une fois par jour contrairement aux deux sessions quotidiennes habituelles. En gros, je surf 30 à 40% de moins l’hiver que le reste de l’année.

Crédit photo : © RiBLANC

Est-ce une période propice à faire des choses qui te sont impossibles ou que tu ne t’autorises pas pendant la saison ? Est-ce un moment dont tu profites pour cultiver d’autres passions ? 
Le mot-clé, c’est la régénération. Je commence toujours par deux semaines de coupure totale. Sans plan d’entraînement, sans contrainte et quasiment sans surf. J’en profite ensuite pour faire le bilan de ma saison, identifier ce qui a fonctionné et mes axes d’amélioration afin d’appréhender au mieux la suivante. Très vite, je retrouve mes petites habitudes, celles qui me font dire que je suis bien de retour à la maison, notamment les petits footings dans les bois ou au bord de l’eau pour repérer les bancs de sable ainsi que les sorties à vélo vallonnées, dans l’intérieur du Pays basque. Enfin, je m’investis pour des engagements associatifs qui me tiennent à cœur : environnementaux, avec ‘Surfrider Foundation’ ; ou humains, avec ‘Handi’Surf’. Le fait qu’il ne fasse pas trop chaud me donne beaucoup d’énergie ! 
 

Je surf 30 à 40% de moins l’hiver que le reste de l’année.

On te connait un attachement très fort à ta terre natale, Anglet. L’hiver est-il agréable dans ce coin du Pays basque ? 
Oui, j’adore Anglet à cette période de l’année. Premièrement, car je ne me recharge jamais aussi bien que chez moi, à la maison, auprès de ma famille et de mes amis. Deuxièmement, car ayant grandi ici, entre océan et montagne, le contact quotidien avec la nature est devenu indispensable à mon bien-être. Le terrain de jeu est incroyable, infini. Ici, je me sens libre de faire tout ce qui me plait. Et puis les à-côtés, culturels et gastronomiques, avec la proximité de l’Espagne, ne gâchent rien... 

Peux-tu nous raconter la journée-type de ton quotidien hivernal à Anglet ? 
Je privilégie une session de surf matinale, dont l’heure dépend des conditions de vent et de marée. Elle dure environ 1h30 et se structure autour d’un point technique particulier, d’un test de planche ou d’une simulation de compétition. L’après-midi, j’enchaîne avec une séance de préparation physique, puis, le soir, avec des étirements, du stretching ou du yoga. 
 

Crédit photo : © RiBLANC

PONCHO, TEAHUPO’O & VAGUES MUSCLÉES

Qu’est-ce qui change dans l’eau l’hiver ? 
L’eau est plus froide, les vagues plus puissantes, la houle plus forte... Les conditions sont plus musclées. La lumière est plus douce également. Les levers et couchers de soleil deviennent magnifiques car beaucoup plus doux. Le ciel reste rose-orangé pendant de longues minutes. Quand l’air est très froid et l’eau plus chaude, l’océan est recouvert d’une légère fumée qui lui offre une ambiance très mystique... Enfin, la rudesse des conditions exerce un filtre : il y a forcément moins de monde à l’eau !

 
Et qu’est-ce qui change sur la planche, en termes de sensations ? 
Pour s’adapter aux conditions plus musclées, la planche est nécessairement plus grosse, et pour survivre au froid, l’équipement plus nombreux, lourd et épais. Je suis très frileuse, j’ai donc tendance à me sur-couvrir. Cela génère moins de liberté de mouvement dans mon épaisse combinaison et moins de sensibilité au niveau des pieds, moins de ressenti au contact de la planche à cause des chaussons. Globalement, les sensations sont moins fines, en revanche, comme elles se méritent plus, les bonnes vagues sont encore plus gratifiantes...  

As-tu des conseils pour surfer l’hiver ? D’un point de vue du matériel, de la sécurité ou de la motivation. 
Déjà, il faut être hyper précautionneux niveau confort et se couvrir en conséquence : avec une combinaison plus épaisse, des chaussons, des gants et une cagoule... Ensuite, niveau matos, je recommande une planche plus volumineuse, adaptée à un océan plus musclé. Concernant la sécurité, rien ne change : s’informer un maximum des conditions. Enfin, pour la motivation, privilégier la qualité des sessions plutôt que leur quantité et tâcher d’aller au maximum surfer en petit groupe. 

Crédit photo : © RiBLANC

As-tu également des conseils pour les plus frileux, à la sortie de l’eau d’une session hivernale ? 
Oui, j’ai mes petites astuces pour avoir le moins froid possible à la sortie de l’eau. Préparer un poncho ou un peignoir sec à enfiler dès la sortie de l’eau, mettre un sac plastique sur son siège de voiture pour rentrer à la maison sans avoir besoin d’enlever sa combinaison et se réchauffer avec un thermos de thé. Une fois rentré, bien s’alimenter également car le froid te fait cramer plus d’énergie et puiser beaucoup plus rapidement dans tes réserves. Lorsque je sors de l’eau, en hiver, je sens la faim palpable. 

2023 est cruciale puisque c’est une saison préolympique

Quels sont tes meilleurs spots pour surfer en hiver ? 
Je suis régulièrement en vadrouille le reste de l’année pour les compétitions, du coup, l’hiver, je privilégie le surf à Anglet, notamment sur le spot des Sables d’Or. Sinon, j’aime faire des stages dans des endroits plus ensoleillés mais demeurant relativement proches. À cet égard, les îles Canaries et le Maroc sont des endroits vraiment parfaits pour le surf d’hiver. 

As-tu des souvenirs très forts ou particuliers de surf hivernal ? 
J’ai le souvenir ému d’une session où l’on surfait sous la neige. C’est suffisamment rare pour que le moment soit instantanément devenu magique. C’était difficile physiquement, mais depuis l’eau, tu vois la plage recouverte de flocons. L’engagement mental vaut le coup. 

Tu sors d’une saison 2022 aboutie, couronnée par un titre de vice-championne du monde ISA, en septembre, sur la vague mythique d’Huntington Beach en Californie. Quels seront tes objectifs pour l’année 2023 ? 

Tout d’abord, finir dans le top 4 du circuit européen pour accéder ensuite au meilleur circuit international. Ensuite, être à nouveau sélectionnée en équipe de France pour les Championnats du monde ISA qui auront lieu au Salvador. 2023 est cruciale puisque c’est une saison préolympique. Il faut d’abord se qualifier pour les JO 2024 à Paris, mais aussi, en parallèle, travailler pour apprivoiser la vague de Teahupo’o, qui accueillera l’épreuve, à Tahiti. 
Bref, 2023 est une année charnière ! 

Crédit photo : © RiBLANC

Que peux-tu nous dire sur la vague de Teahupo’o qui accueillera donc les JO de Paris 2024 ? Comment s’y préparer spécifiquement ? 
C’est une vague très tubulaire, sur du récif, avec peu de profondeur d’eau. Elle est donc dangereuse. Elle peut faire peur, mais c’est une vague que j’apprends à connaître et aimer grâce aux stages qu’organise la fédération. Normalement, elle a plus de potentiel que celle des dernières olympiades, à Tokyo. 

Pour conclure, que répondrais-tu à la question : le surf est-il un sport d’hiver ? 
(Rires) Je vais camper sur ma position et revenir à ma première réponse. Dans l’imaginaire collectif, le surf est un sport d’été, en mode maillot de bain et grand soleil, mais en pratique, il possède plein de singularités et d’avantages que j’invite à découvrir l’hiver ! 

Les articles associés

Vous voulez des cookies ?

Ce site utilise des cookies pour garantir la meilleure expérience de navigation.

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales

Paramétrage de mes cookies

Au-delà des cookies de fonctionnement qui permettent de garantir les fonctionnalités importantes du site, vous pouvez activer ou désactiver la catégorie de cookies suivante. Ces réglages ne seront valables que sur le navigateur que vous utilisez actuellement.
1. Statistiques
Ces cookies permettent d'établir des statistiques de fréquentation de notre site. Les désactiver nous empêche de suivre et d'améliorer la qualité de nos services.
2. Personnalisation
Ces cookies permettent d'analyser votre navigation sur le site pour personnaliser nos offres et services sur notre site ou via des messages que nous vous envoyons.