Publié le 15 décembre 2018
Le Splitboard
Crédit photo : Eleonora Raggi

Le Splitboard

Pour les snowboardeurs en quête de liberté
SPORTS D'HIVER
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Snowboard, Reportage

Le retour à des pratiques pures, authentiques dans la glisse est une tendance qui a converti déjà un bon nombre de pratiquants. Le splitboard ou surf de randonnée fait de plus en plus d’adeptes chaque nouvelle saison. Ils troquent alors forfaits et pistes damées pour un environnement de poudreuse fraîche et de nature sauvage.

Crédit photo : Eleonora Raggi

Si vous êtes snowboardeur, vous vous êtes sûrement déjà demandé ce que pourrait être une virée en splitboard ? Ou peut-être est-ce déjà fait et vous en êtes totalement accro ?
Cette pratique, bien qu’encore assez rare, séduit de plus en plus de passionnés de la planche à neige et ne cesse de se développer partout où les conditions « extrêmes » le permettent. Bien plus qu’un sport, c’est aussi et sans contexte un état d’esprit, qui demande, certes une bonne condition physique, mais surtout un amour de la poudreuse et de la pureté de la nature, loin des pistes bondées.

 

Pour les novices, le splitboard est une planche de snowboard que l’on peut scinder en 2 afin de pratiquer la rando comme en ski et partir à la recherche de poudreuse dans des endroits non accessibles par les remontées mécaniques.
Des paysages sereins, une montée presque méditative et de la neige vierge sont les récompenses de ceux qui ont durement gagné leurs virages.

 

Crédit photo : DLR Creatives

 

Longtemps réservé aux puristes, le split semble se démocratiser. Il ne faut pas oublier qu’à ses débuts, la randonnée en snowboard était seulement le fait de jeunes accros du surf qui se retrouvaient exclus des pistes car soi-disant dangereux et perturbateurs ! Le snowboard hors-piste était alors la seule alternative pour pratiquer. Aujourd’hui, de plus en plus d’amoureux de grands espaces s’orientent vers cette nouvelle expérience, entre effort soutenu et liberté, en marge des pistes balisées et des forfaits hors de prix. Les marques, à l’écoute de cette récente tendance créent tour à tour leurs modèles. Des modèles aussi techniques qu’innovants qui doivent s’adapter à chaque pratiquant, du débutant au confirmé.

Cependant cela reste une pratique risquée. À la merci de la montagne et des éléments, il est important de se munir du matériel de sécurité nécessaire (sonde, pelle, arva, etc.) et éventuellement faire appel à un professionnel pour accompagner et conseiller.
Pratiqué dans de bonnes conditions, le splitboard permet d’être libre de toute attache, vivre son plaisir loin de la foule et être au plus près de la nature.
Un rêve bien éveillé pour tous ceux qui cherchent à s’évader et à sortir du rang.

 

Crédit photo : DLR Creatives

Pour une rando split réussie

Crédit photo : Regis Rolland


• Un splitboard, les fixations adaptées et les clips d’assemblage.


• Des peaux de phoque en mohair ou en synthétique.
• Des couteaux ou « crampons métalliques ».
• Des bonnes boots.
• Une tenue chaude adéquate.
• Des bâtons pour la montée.


• Le nécessaire de sécurité : Pelle-Sonde-Arva + 1 sac Airbag. Une formation à la prévention des risques est fortement conseillée. Infos : www.ista-education.com


• Une appli mobile pour la météo et les conditions d’enneigement. Anne-Flore conseille l’appli Mountain Hub.


• Une carte du terrain, une boussole et un altimètre.


• Xavier utilise l’appli FATMAP pour des itinéraires 3D et infos topographiques même sans réseau !

Les Conseils des Pros

Régis Rolland

Précurseur du snowboard en France et acteur principal des mythiques films Apocalypse Snow en 1983, 1984 et 1986. Créateur de la marque Apo snowboards.

Crédit photo : Regis Rolland

Au départ, le splitboard ça ressemblait à quoi ? Raconte-nous les débuts de cette pratique.
Les allemands ont déposé des brevets sur les splitboards en 2, 3 ou 4 parties très tôt, au début des années 90. Les USA ont tout de suite suivi. La marque Voile sort d’abord les fixations puis ses premiers splitboards à la même époque. Les fixations étaient déjà pensées avec des systèmes de rails et d’étriers, basique à l’époque mais ça fonctionnait.
Au début, c’était rudimentaire ! On coupait nos snowboards en deux puis on fixait les parties de manière artisanale. Le réel problème alors était qu’il n’y avait pas de carres à l’intérieur des spatules donc c’était loin d’être optimal pour la montée. Burton fut l’une des premières grosses marques à s’y mettre. Puis vers 2005, d’autres marques lui ont emboité le pas. Au départ le matériel était plutôt lourd et le même modèle de splitboard pouvait être renouvelé pendant 2 ou 3 ans sur le marché.

Que penses-tu de l’évolution du splitboard ces dernières années ?
Il y a eu une grosse évolution cependant pour moi on n’a pas encore atteint le top en terme de poids. On pourrait faire des splits encore plus légers, en dessous des 3 kg. Côté innovation, les boards en 3 ou 4 parties sont vraiment très efficaces mais aussi plus techniques. On peut en voir chez Salomon, Phenix ou Splitboard Power… Les spatules sont plus fines, plus courtes et plus légères donc on améliore la performance à la montée. Les marques ont développé aussi des boots spécifiques avec notamment la semelle vibram. On va encore vers d’autres évolutions au niveau des boots et des matériaux pour une pratique encore plus plaisante.

Les prix de vente sont assez élevés. Est-ce justifié ?
Oui car il y a beaucoup de technique utilisée ainsi qu’un gros travail. Toutes les pièces utilisées font monter le prix. Pour avoir été dans ce milieu depuis 35 ans, je peux dire que les marques ne margent pas tant que ça. Pour donner une idée, la fabrication d’un splitboard c’est : des patins de presse, des moules, des séries (volume) déclinées par tailles et donc designs différents. Tout cela implique un coût important qui se justifie amplement.

Crédit photo : Regis Rolland

Y’a t-il, selon toi, un état d’esprit propre à la pratique du splitboard ?
Bien sûr. C’est un retour à l’authenticité. On apprend à redécouvrir la montagne d’une autre manière, loin de la foule. C’est aussi le respect de la nature et se ressourcer. Ceux qui pratiquent sont également à même de comprendre et d’appréhender la montagne. Face aux risques, ils auront une vraie prise de conscience du danger. Enfin, l’état d’esprit originel c’est avant tout l’amour du snowboard. On voit par exemple de vrais passionnés organiser des voyages pour vivre cette passion comme Vistas Tours.

Quels seraient tes essentiels pour une rando split réussie ?
Tout d’abord il faut avoir un certain niveau et une bonne forme physique. Une formation sur la montagne et la sécurité pour acquérir un savoir-faire vital en hors-piste me paraît également indispensable. Avant de partir, il faut regarder les conditions de neige et la météo, puis choisir son itinéraire en fonction de son niveau et ses capacités. Le printemps me semble être la meilleure saison pour sortir en splitboard. Une carte du terrain, une boussole et un altimètre devront aussi faire partie de l’équipement. Enfin, surtout pour les débutants, il est important de se faire accompagner d’un professionnel.

Au début, c'était rudimentaire! On coupait nos snowboards en deux et on fixait les parties de manière artisanale.

Anne-Flore Marxer

Snowboardeuse franco-suisse. Championne du Freeride World Tour 2011. Réalisatrice du film « A Land Shaped by Women ».

Que penses-tu de l’évolution du splitboard ces dernières années ?
C’est un vrai plaisir de voir que le matériel évolue et que la pratique se développe. C’est une nouvelle façon de profiter de nos belles montagnes. Lorsque j’ai débuté, il n’y avait pas forcément de matériel dédié, j’ai donc dû à l’époque couper ma planche en 2 ! Maintenant avec les évolutions de l’équipement il n’y a plus vraiment de limite, ça a complètement changé la pratique du snowboard. On voit de petits shapers émerger et faire du très beau travail comme l’atelier Phenix qui m’a aidé pour mon premier split.
 

Cette impulsion a redonné un élan au snowboard en trouvant une nouvelle façon de parcourir nos montagnes. On voit aussi l’émergence de Camps dédiés au splitboard pour tous ceux qui souhaitent découvrir la pratique et se perfectionner.

Crédit photo : Eleonora Raggi

Quelle est la place de la femme dans cette pratique ?
Il y a de nombreuses marques qui font évoluer le matériel pour les femmes, mais cela reste encore malgré tout assez limité. Il n’existe malheureusement pas de planche de grande taille car les marques s’adaptent d’abord au marché asiatique.
Quand on voyage, par exemple en Islande, on se rend compte qu’on ne croise que des hommes qui pratiquent ce sport. Il y a encore très peu de femmes pratiquantes. C’est sans doute les connotations de risque, de danger et de complexité qui n’incitent pas les femmes à s’y mettre. Alors que dans la pratique ce n’est pas si compliqué. On a tendance à oublier le côté beau, accessible et magique des sports dits « extrêmes » car ils sont souvent associés à la performance. Juste pour rappel, 40% des pratiquants du ski et du snowboard sont des femmes, ce qui n’est pas négligeable !

Côté matos, que peut-on trouver pour la pratique féminine ?
Il existe aujourd’hui de jolies planches destinées aux femmes qu’on peut retrouver chez Burton, Nitro, Salomon, Jones et bien d’autres encore. Personnellement j’utilise des Fixs de la marque Sparks qui me conviennent très bien. Les fixs Plum sont aussi très bien d’autant plus qu’ils font aussi des splitboards maintenant.Tu viens de réaliser  « A Land Shaped by Women », à qui s’adresse ce film et quel est ton message ?
J’ai toujours milité pour les femmes dans le milieu du snowboard pour que les plus jeunes générations puissent y avoir accès. Au début, il n’y avait pas de slopestyle pour les femmes car considéré comme trop dangereux. Aujourd’hui il y a encore beaucoup d’écarts entre les Prize money homme et femme lors des compétitions. Lors du Freeride world tour 2017, j’ai eu la sensation que le snowboard féminin était encore considéré comme une sous-catégorie.  Je suis alors partie en Islande pour me ressourcer avec Aline Bock. L’égalité des genres y est plus avancée que chez nous. Avec mon film, j’ai eu la volonté d’avoir un narratif féminin, pour donner la parole à des femmes islandaises engagées et libres. J’aimerais aujourd’hui laisser un héritage à toutes les femmes sur mes découvertes.

 

Crédit photo : Eleonora Raggi

 

Quels seraient tes essentiels pour une rando split réussie ?
Pour le Split, on parle avant tout de sécurité avec le trio gagnant pelle-sonde-arva, ainsi qu’un sac airbag. Une formation me paraît aussi un bon départ au préalable. Celle imaginée par Dominique Perret, ancien skieur freeride, est très complète. Depuis 2014, l’organisme ISTA – International Snow training Academy – propose une formation qui a pour vocation d’augmenter la liberté, le plaisir et la sécurité des amateurs de sports de neige, spécialement lors des sorties hors-piste. Ils mettent l’accent sur la connaissance et la prévention des risques d’avalanches.
Une bonne connaissance du terrain, de la météo et du manteau neigeux est également indispensable avant de partir.

Tu viens de réaliser  « A Land Shaped by Women », à qui s’adresse ce film et quel est ton message ?
J’ai toujours milité pour les femmes dans le milieu du snowboard pour que les plus jeunes générations puissent y avoir accès. Au début, il n’y avait pas de slopestyle pour les femmes car considéré comme trop dangereux. Aujourd’hui il y a encore beaucoup d’écarts entre les Prize money homme et femme lors des compétitions. Lors du Freeride world tour 2017, j’ai eu la sensation que le snowboard féminin était encore considéré comme une sous-catégorie.  Je suis alors partie en Islande pour me ressourcer avec Aline Bock. L’égalité des genres y est plus avancée que chez nous. Avec mon film, j’ai eu la volonté d’avoir un narratif féminin, pour donner la parole à des femmes islandaises engagées et libres. J’aimerais aujourd’hui laisser un héritage à toutes les femmes sur mes découvertes.

 

On voit de petits shapers émerger et faire du très beau travail.

Xavier de Le Rue

Snowboardeur français. Ancien champion de boardercross et du Freeride World Tour en 2008, 2009 et 2010.

Que penses-tu de l’évolution du splitboard ces dernières années ?
Cette évolution a permis de redonner un bon coup de boost au monde du snowboard. Ceux qui ont commencé dans les années 90 ou même 80 avaient un peu délaissé la pratique. Ils s’y remettent aujourd’hui grâce au développement du matériel et de toute la mouvance qu’il y a derrière. La pratique était en marge pendant pas mal d’années car le monde était focalisé sur le freestyle. Le splitboard a joué un rôle énorme dans le retour de la communauté du snowboard vers les bases, les racines de ce sport de poudreuse.

La complexité technique et les risques liés à ce sport pourraient quelque fois freiner ceux qui souhaiteraient s’y mettre. Que leur conseillerais-tu pour démarrer ?
Effectivement cela reste assez technique au niveau de l’utilisation. Cela demande d’être assez calé sur le matériel. Il est donc nécessaire d’être bien conseillé ou de prendre le temps de régler soi-même son équipement, d’en comprendre le fonctionnement et de le tester. En pratique, si les conditions sur le terrain sont bonnes, tout devrait bien se passer. En revanche, si elles deviennent difficiles, vous pouvez être confronté à de nombreux problèmes. Une bonne préparation en amont est donc la base.
Mon conseil : Il faut se méfier lorsqu'on part avec des skieurs. Ils ont une approche différente dans la pente. C’est plus facile pour eux dans les traversées dures et raides alors que le snowboard est plus souple donc moins maniable dans ces conditions. Afin de palier à cela, il faut être capable de choisir une piste différente, ou de rester serein en cas de difficulté, enlever le snowboard et monter droit dans la pente à pieds. Les couteaux peuvent également être d’un grand secours dans ces situations.

Crédit photo : DLR Creatives

Côté matériel, peux-tu nous donner tes indispensables d’une rando-split réussie ?
Pour moi la priorité c’est la sécurité. Il faut savoir que le plus gros risque d’avalanche se situe dans les pentes avoisinant les 30° , soit des pentes relativement plates. Je conseille donc d’avoir le minimum Arva-pelle-sonde et aussi un sac airbag. Il existe aussi une balise de déclenchement d’alerte, Resero Whistle, que j’ai aidé à développer. Elle donne votre position exacte quand il y a un problème. Il faut penser que selon là où vous vous trouvez, il n’y aura pas forcément de réseau. Pour finir il faut emporter de quoi bien se couvrir, beaucoup d’eau et une carte du terrain.

Cette évolution a permis de donner un coup de boost au monde du snowboard.

Avec ta web-série HOW TO XV, tu partages tes conseils pour pratiquer le snowboard freeride. A qui s’adressent ces vidéos et que souhaites-tu transmettre?
Ces vidéos s’adressent à tous ceux qui souhaitent se faire plaisir en montagne. Loin de la performance, je souhaite simplement transmettre les connaissances que j’ai accumulées durant ces quinze dernières années. Ouvrir le monde du splitboard, du snowboard freeride au plus grand nombre. On y parle aussi bien de sujets basiques pour la pratique mais aussi de questions plus techniques pour toucher à tout dans le freeride. Ca me plait beaucoup de partager ce savoir à tous.

 

How to xV
En collaboration avec The North Face & Fatmap. La Web série est visible sur la chaine youtube du même nom.

 

 

Texte et Interviews : Olivia Bergamaschi

Le Splitboard

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