Publié le 14 avril 2015
Jean-Marc Salomon

Jean-Marc Salomon

Art contemporain : la FabriC, à la croisée des publics
Culture
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Interview

La fondation Salomon a toujours souhaité sensibiliser un large public à l’art contemporain. L’espace d’exposition, anciennement situé à Alex, a désormais posé ses œuvres à la FabriC, le premier atelier de la société familiale. Un retour aux sources pour Jean-Marc Salomon.

Pourquoi avoir déménagé à Annecy ?
L’une des raisons est que nous recevions environ 15 000 visiteurs par an, ce qui n’était pas suffisant pour assurer la pérennité financière de la fondation. L’idée était d’arrêter Alex pour démarrer à Annecy trois autres activités : l’aide à l’édition, l’aide à l’exposition et un prix annuel sous forme d’une résidence d’artistes à New York.

Expliquez-nous…
L’aide à l’édition consiste en un partenariat avec la revue Hippocampe, dont le siège se trouve à Lyon. Cette publication un peu transversale, propose un contenu de fond et pointu sur l’art contemporain. L’aide à l’exposition – qui est en cours de développement - nous permet d’assister des associations de la région Rhône-Alpes pour réaliser des expositions. Le troisième volet réunit un jury de cinq personnes qui choisit un artiste et lui offre une résidence à New York pour une durée de six mois.

Quelle est l’histoire de la FabriC ?
Cet espace proposait déjà des expositions avec une galerie qui s’appelait Chambre Claire. Au début, j’ai récupéré l’atelier familial dans le but simplement d’exposer des pièces de ma collection, pour me faire un petit musée. Peu à peu, des gens m’ont demandé de visiter le lieu pour découvrir les œuvres que j’exposais. De fil en aiguille, l’idée m’est venue d’ouvrir cet espace au public, soit avec des expositions organisées à partir de ma collection personnelle, soit en mettant l’endroit à disposition d’associations, de collectifs d’artistes ou d’artistes. C’est un lieu qui se veut éclectique.
Vers quel art va votre préférence ?
Je reviens de plus en plus vers la peinture et le dessin. Quant à la sculpture, le prix des œuvres devient vraiment très cher. Aujourd’hui, je suis attiré par des artistes qui parlent d’hybridation des cultures… Des artistes issus des Caraïbes, de l’Afrique… J’aime la culture dominicaine mais suis aussi intéressé par les sous-cultures européennes, comme le Punk ou le Street Art.

Vous privilégiez les artistes en devenir ou des talents confirmés ?
Je ne me pose pas la question. Ce sont des artistes dont j’ai croisé le travail et qui ont retenu mon attention. Certains me plaisent mais sont à des prix peu raisonnables. Je crois avoir tendance à aller vers des artistes plus jeunes car dans le fait de collectionner, il y a aussi l’idée d’aider les artistes qui débutent. Beaucoup sont obligés d’avoir un double travail : un pour vivre et un autre pour exprimer leur talent artistique.

Avec la FabriC, vous visez un public plus jeune ?
Oui. Par exemple, nous avons fait une exposition avec Art By Friends, une association d’Annecy qui s’intéresse beaucoup à la culture du skateboard, du Street Art. Notre but était justement de croiser les publics : que le public de la fondation – âgé d’une cinquantaine d’années - voit les travaux d’artistes beaucoup plus jeunes, que l’on n’a pas l’habitude de voir dans les grandes galeries ou les musées. La FabriC doit être un lieu vivant.
Quelles sont les expositions à découvrir ?
Depuis le 2 avril et pendant un mois et demi, se tient une exposition de sculptures de Julien Beneyton. Il est très connu pour sa peinture, nous verrons donc le travail d’un sculpteur fait par un peintre. Julien Beneyton réalise plutôt des scènes de rue, des portraits de chanteurs hip hop, de musiciens. Son travail est un peu sociologique dans le sens où il accorde énormément d’importance à la rencontre avec le sujet. Il représente des gens avec qui il a échangé, ce qui permet de faire ressortir leur caractère. On sent une humanité dans le traitement pictural du sujet.
Comment se porte l’art aujourd’hui ?
La culture et les arts visuels sont très importants pour l’activité économique d’un territoire. Nous traversons une période où les institutions ont tendance à couper les budgets pour la culture. C’est très préjudiciable et je m’en désole. Annecy, où les nouveaux arrivants sont plus riches que ceux qui partent, est une ville qui se « boboïse ». Pour moi, il n’y a rien de péjoratif dans le terme « bobo ». Cette population a une demande culturelle très forte et on ne pourra attirer des hauts potentiels dans nos territoires que si l’on répond à cette exigence au niveau culturel.

Propos recueillis par Nathalie Truche
La FabriC, Fondation pour l’Art Contemporain
34 Avenue de Loverchy, 74000 Annecy

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