Publié le 26 février 2018
HOSTILES

HOSTILES

Western brutal, loin des clichés
Culture
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Cinéma

Ce film s’inscrit dans la lignée des westerns «révisionnistes» comme «Little Big Man», «Danse avec les loups», «Django», ou «Jane got a gun», qui racontent des histoires en s’éloignant du point de vue du héros masculin, blanc et patriote, symbolisé autrefois par John Wayne. Les deux premières scènes d’Hostiles, un western signé Scott Cooper avec Christian Bale dans le rôle principal, nous plongent directement dans la cruauté qui régnait à l’époque du Far West.

 

Dans la première, une famille de colons blancs est attaquée par un groupe d’indiens comanches. Ils laissent pour seule survivante la mère, Rosalie Quaid, interprétée par l’héroïne de Gone Girl Rosamund Pike. Dans la seconde scène, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) capture une famille Apache et l’emmène de force dans une prison de fortune, où d’autres indiens ont été emprisonnés pendant des années sans procès. Chaque séquence est sanglante, violente et difficile à regarder. Cooper, connu pour son travail sur le film Crazy Heart avec Jeff Bridges, souhaite ainsi montrer la réalité de la conquête de l’Ouest, au-delà des clichés hollywoodiens du bon cowboy, des shérifs et des saloons. L’action se situe en 1892 : le capitaine de cavalerie Joseph Blocker est ancien héros de guerre devenu gardien de prison, qui est contraint d’escorter Yellow Hawk (Wes Studi), chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalie Quaid, traumatisée par la tragédie à laquelle elle vient de réchapper. Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le chemin périlleux qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, ils vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus comanches qu’ils rencontrent.

Un sujet sensible aux USA
Doté d’un budget de 40 millions de dollars, Hostiles est le quatrième long-métrage de Scott Cooper. Il marque les retrouvailles entre Cooper et Bale, qui ont déjà travaillé ensemble dans Les Brasiers de la colère. Il traite d’un sujet délicat, voire tabou aux Etats-Unis : la condition des indiens d’Amérique. « Quand j’ai commencé ce projet, je savais qu’il y avait une division raciale et culturelle en Amérique, mais je n’avais pas réalisé à quel point elle était forte et ne cessait de s’accroître », a expliqué le réalisateur à l’AFP. « C’est l’histoire de deux hommes avec des visions du monde très différentes qui se rapprochent, offrant un peu de réconciliation et d’espoir. Dieu sait qu’on en a besoin en Amérique en ce moment. C’était aussi très important pour moi de représenter la vie amérindienne d’une façon extrêmement authentique et digne », ajoute-t-il. La belle-fille de Studi est interprétée par l’actrice Q’orianka Kilcher, qui a des racines amérindiennes. Elle s’est senti impliquée dans ce projet personnellement : « Dans le monde où nous vivons, notamment en ce qui concerne la politique, je pense qu’il est vraiment important que les humains prennent conscience qu’on est tous dans le même bateau ».

Christian Bale porte le film sur ses épaules
En plus du sujet, la force du film réside dans le choix des acteurs, particulièrement Christian Bale. Comme souvent, il excelle de part son intensité et sa dévotion totale au personnage. Mais dans ce film, il sait aussi insuffler de la nuance à un homme tourmenté, qui fait un examen de conscience tout au long du voyage. « Il y a quelque chose qui m’a obsédé avec ce personnage et cette histoire. Je ne peux pas exactement définir ce que c’est. Je me suis dis que je devais en savoir plus et prendre part à ce projet », a déclaré l’acteur au magazine Collider. Joseph Blocker, qui est étroit d’esprit et intransigeant au début du film, va évoluer au fur et à mesure que l’intrigue progresse.
Il ne peut pas faire son métier sans ressentir de la colère, et cette colère devient de plus en plus réelle au fur et à mesure que ses compagnons meurent au combat. Mais il finit par se rendre compte que l’envahisseur, c’est lui, et qu’un génocide est en train d’être commis contre les indiens. « Ce personnage va connaitre une révolution.
Il parvient à se libérer de sa haine et commence à ressentir une culpabilité énorme. Cela rend la mort de ses camarades dénuée de sens. Mais c’est une épreuve qu’il doit traverser, et ce combat mental se retrouve personnifié par le personnage de Rosalie. Elle est aussi une personne tourmentée, mais elle évoque ses sentiments de manière très ouverte, contrairement à Blocker », explique l’acteur.

Un tournage difficile
Le tournage n’a pas été de tout repos, le film étant filmé en grande partie à l’extérieur. L’équipe a ainsi du faire face aux éléments en Arizona, au Nouveau-Mexique et dans le Colorado. « Le tournage a eu lieu sous la chaleur la plus intense qui soit, alors que nous portions les vrais uniformes de l’armée en laine. On est devenus de plus en plus maigres au fur et à mesure du tournage et nos bottes étaient remplies de sueur », explique Christian Bale. Le directeur de la photographie, Masanobu Takayanagi, a du également s’adapter aux changements de temps, avec de longues périodes de soleil parsemées d’orages puissants, ce qui a demandé une grande flexibilité. « Environ 80% du film a été tourné à l’extérieur. Il y a eu un travail incroyable pour construire toutes les forteresse et autres bâtiments, mais le reste du film était en pleine nature. Comment mettre en lumière la forêt, les nuits de pluie, le feu…etc. Ca représente un défi important », a déclaré Masanobu Takayanagi, au journal Deadline. Ce travail de direction photo, salué par la presse, contribue à propulser le film aux coté des grands classiques du Western, comme Danse avec les Loups, Le Dernier des Mohicans, Impitoyable ou Little Big Man. La réalisation sans compromis de Scott Cooper, les images, le jeu impeccable des acteurs et la force du propos s’assemblent pour offrir une oeuvre viscérale et puissante. Le film sort en salles le 14 mars prochain.

Romain Fournier

 

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