Publié le 15 septembre 2019
Hike & Fly
Crédit photo : Altirando

Hike & Fly

Quand la randonnée a le vent en poupe
TRAIL RUNNING, EXTRÊME
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Trail, Parapente, Reportage

Grimpeurs, traileurs, randonneurs et alpinistes se tournent de plus en plus vers le parapente devenu léger et facile à transporter. 
Le vol rando, appelé aussi « marche et vole » ou « hike and fly », est devenu très à la mode et fait fureur dans nos régions.

Cette pratique, qui combine rando en montagne et vol en parapente, séduit les amateurs de sensations fortes. L’idée est de gravir des montagnes et ensuite les redescendre en volant. Au lieu de plusieurs heures, on ne met que quelques minutes !

Loin du parapente classique, le vol rando consiste à décoller et à atterrir où l’on veut, où l’on peut. Il est l’aboutissement d’une aventure commencée en marchant, en courant ou en escaladant les sommets pour décoller (si les conditions le permettent) et se poser au fond des vallées. Le prix à payer pour s’offrir cette liberté est  d’avoir une bonne connaissance du terrain, de l’aérologie et d’être extrêmement prudent. Une nouvelle dimension s’offre alors au randonneur qui oublie les longues descentes et découvre, via les airs, un allié pour découvrir de nouveaux sommets.

Quand le parapente a décollé dans les années 80, il a tout de suite intéressé les alpinistes. Mais ce n’est que depuis une dizaine d’années que les deux s’hybrident réellement. Un allègement radical du matériel et la révolution du fast&light sont passés par là. Aujourd’hui, les alpinistes prennent la voie des airs pour changer de perspective, découvrir une autre façon de parcourir la montagne et inventer des itinéraires innovants.

Aujourd'hui, les alpinistes prennent la voie des airs pour changer de perspective decouvrir une autre facon de parcourir la montagne.

JULIEN IRILLI

A l'epoque, les gars c'etait des touche-atout, des enervés dans tout ce qu'ils faisaient

Un excellent alpiniste doublé d’un pilote de parapente de haute-altitude hors-pair. Il représente l’hybridation la plus aboutie des deux pratiques. 

« Le mariage entre l’alpinisme et le parapente a commencé assez tôt, dans les années 80, avec l’émergence de tous les sports de montagne un peu fun. A l’époque, les gars c’était des touche-à-tout, des énervés dans tout ce qu’ils faisaient. Le parapente est donc survenu comme un moyen logique pour redescendre des hautes montagnes. Ceux à l’époque qui tournaient beaucoup dans l’alpinisme et le parapente étaient des gars comme Jean-Marc Boivin ou Christophe Profit. Ils ont fait connaître cette discipline en haute montagne, parmi les alpinistes ».

Ce qui inspire Julien chez ces grandes figures de la montagne, inventeurs du paralpinisme (le terme consacré… et pas très heureux) c’est « le fait qu’ils étaient aventuriers et qu’ils découvraient. Ils voulaient vraiment utiliser tous les moyens possibles pour parcourir la montagne. Ils étaient culottés, parce qu’avec le matériel de l’époque, ce n’était pas rien que d’essayer de décoller de certaines montagnes avec des ailes qui étaient si peu enclines à décoller et à gonfler ».

Rendre la voile la plus légère possible est l’axe principal de développement pour les marques spécialisées. Le résultat est là : elle pèse près de 2 kilos et entre facilement dans un sac à dos de montagne. Les premières voiles, qui nécessitaient un pilotage très technique ont laissé la place à des modèles beaucoup plus accessibles.

CLÉMENT LATOUR

ces voiles tiennent dans 1,5 litre de volume. Elles tiennent donc grosso modo dans une banane.

Parapentiste de haut-niveau et directeur commercial du fabricant annécien de parapentes Supair, il revient sur les évolutions radicales qu’à connu le matériel de parapente en 10 ans.

« c’est entre 2008 et 2010 qu’on s’est mis à faire du plus léger. On a d’un côté les fabricants de tissus qui nous offrent des tissus de plus en plus léger et performant. On a aussi tout le travail de conception, qui grâce à ces nouveaux matériaux, permet de concevoir des parapentes finalement plus légers et plus compactes. Ils deviennent alors d’un seul coup des outils très intéressants pour des alpinistes. Les alpinistes ont toujours regardé le parapente comme un outil pour redescendre des montagnes. Mais ce n’était pas forcément envisageable à cause du poids, du volume et des performances du matériel à l’époque. Ils ont toujours été demandeurs d’innovations, et petit à petit, grâce à ces nouveaux matériaux, on commence à entrevoir de nouvelles possibilités ». Alors qu’une voile-sellette pesait une petite dizaine de kilos il y a dix ans, aujourd’hui, à niveau de performance égal, il existe des voiles-sellettes qui pèsent moins d’1,5 kg : « ces voiles tiennent dans 1,5 litre de volume. Elles tiennent donc grosso modo dans une banane. Pour comparer à ce qui se faisait avant, on se retrouvait avec une voile qui pesait entre 5 et 7 kilos, accompagnée d’une sellette de 4 ou 5 kilos. On était donc sur un total de 13kg et il n’existait rien de plus léger ».

Un exemple frappant de cette évolution est ce parapente de moins d’un kilo (autant dire : ultra-ultra léger) qui annonce de bien belles hybridations entre les sports outdoor. Si les voiles et sellettes ont perdu des grammes, c’est aussi vrai pour tout le matériel de montagne : l’allégement des chaussures, des piolets et des sacs à dos ouvre de nouvelles possibilités aux alpinistes, s’enthousiasme Julien Irilli. « Le matériel que j’utilise dans mes enchaînements se rapproche du matériel d’un traileur. Je n’ai donc maintenant que du matériel dérivé de la course à pied et du trail : je mets des vestes avec membrane qui ne font même pas 100g. Je cours avec des chaussures de trail Sense, des chaussures adaptées à la course à pied et avec des bâtons en carbone. Je gagne du poids et de la facilité d’utilisation en supprimant l’encombrement. Cette solution est donc hyper intéressante, et je gagne même de l’isothermie parce que ces produits sont parfois plus chauds que ce que nous avons traditionnellement l’habitude d’utiliser lors de la pratique de l’alpinisme ».

UN PEU D'HISTOIRE :

26 septembre 1988 : Jean Marc Boivin décolle de l’Everest en parapente, avec une Aile de K Genair. Établissant ce jour là le record du monde d’altitude de décollage. Un exploit inoui (sans oxygène). Il a fallu attendre 13 ans le deuxième vol, en biplace cette fois, par Bertrand Roche et Claire Bernier, en 2001.

CHRISTOPHE DUMAREST

Le parapente amène du fun

Alpiniste professionnel et guide de haute montagne a pris la voie des airs il y a une année.

« Le parapente amène du fun. Il amène des images, de la vitesse et du ludique. Faire un pas dans le vide et aller vers quelque chose de nouveau, que je ne connaissais pas. Aller vers de nouveaux enseignements et de nouvelles pratiques, pour sortir un peu de ma zone de confort. Je voulais aussi m’ouvrir à ce monde très étonnant qu’est celui de l’air. C’est pour moi une nouvelle dimension de la montagne et de l’aérologie et même de la météorologie ».

Le parapente lui « a permis de redécouvrir les sentiers de la maison, en profitant de la proximité de mon lieu de vie autrement. Je pense que je n’ai jamais autant marché et sillonné les chemins de moyenne montagne que depuis que je fais du parapente. Et accessoirement ça m’a permis de gagner une très bonne condition physique. Ça permet aussi de redescendre vers le ‘monde d’en bas’ presque de manière instantanée ! S’échapper plus vite de la montagne par les airs, réduit parfois considérablement le temps de présence dans des environnements qui sont quelquefois hostiles, dans lesquels il peut y avoir des dangers ».

Pour bien comprendre comment ces athlètes utilisent les nouvelles possibilités qui leur sont offertes, il suffit d’écouter Julien Irilli raconter l’un de ses récents trips mixant alpinisme et parapente : « Ce périple m’a fait partir de Chamonix vers 8h du matin. J’ai décollé à l’Aiguille du Midi, je me suis posé au pied de la face Nord des Grandes Jorasses, à midi j’étais à l’attaque de la voie. A 15h30 j’étais en haut. J’ai pu boucler la boucle en quelques heures en redécollant de nouveau pour me poser à Chamonix. Tout ça grâce au matériel moderne qui nous permet de nous déplacer rapidement ».

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