La Mélancolie des dragons

La Mélancolie des dragons mise en scène Philippe Quesne Un groupe de hard rockers chevelus tombe en panne de voiture dans un paysage enneigé. Pour faire plaisir à leur unique invitée passée là par hasard, ils construisent un parc d’attractions idéal et multifonction où leurs inventions, aussi fulgurantes que décalées, font naître le merveilleux… Si ce spectacle créé il y a dix ans a fait le tour du monde, c’est que sous son pitch simple, se déploie un véritable questionnement sur l’art. L’effet de théâtre, tellement brut et dérisoire qu’il devient drôle, est le support même de la poésie de Philippe Quesne, la dose de folie supplémentaire qui permet de faire décoller le réel. Les expérimentations modestes des hard rockeurs ne visent pas à épater la galerie, mais au contraire à créer une communauté bienveillante autour d’œuvres fragiles et temporaires. Loin de tout angélisme, cette pièce fondatrice est traversée par une inquiétude sourde, et entre en résonance avec l’état d’un monde que nos anti‑héros ne comprennent pas toujours même s’ils en maîtrisent les technologies. Un théâtre qui célèbre l’inventivité et les pratiques des doux rêveurs capables d’échafauder des mondes à partir de rien.