J'AI DES DOUTES

Raymond Devos – François Morel

Il a dit : « Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. » Mais aussi : « On se prend souvent pour quelqu’un, alors qu’au fond, on est plusieurs. » Allez, encore une : « Se coucher tard nuit. » Combien de pensées de cette espèce Raymond Devos a-t-il inventées ? Au moins plusieurs milliers… Cet homme était une véritable machine à poésie, un clown céleste doublé d’un intellectuel profond, un miracle à la fois de la nature, de la chanson, de la trompette, du mime et du music-hall. Ceux qui l’ont vu en chair et en os ou à la télévision – c’était au siècle dernier – le savent : ses apparitions étaient inoubliables. Comme le dit François Morel, « Devos ne ressemblait à personne et personne, plus jamais, ne lui ressemblera ». C’est dire si l’ancien Deschiens, qui n’a pourtant pas son humour dans sa poche, s’est approché du monstre sacré avec humilité. Comment rendre hommage à un tel phénomène ? Eh bien, c’est simple, en servant au mieux ses textes et en mêlant à la musique des jeux de mots celle du piano à touches ou à bouche. Bien que de corpulence moyenne, François Morel se glisse avec bonheur dans la peau de son très ample prédécesseur. Il va même jusqu’à imaginer une rencontre entre l’humoriste franco-belge et Dieu. Une vraie merveille à la Devos. Allez, une dernière pour la route : « Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche. Quand l’un avance, l’autre veut le dépasser. Et moi, comme un imbécile, je marche ! » À pleurer.