HÊTRE ET PHASMES

Une jeune femme se retire du monde et entre dans une forêt de mystères et de songes. Souple et dansant comme une liane, son corps se glisse dans le bois jusqu’à s’y fondre: voilà d’abord Hêtre, célébration de l’indispensable solitude, corps à corps hypnotique avec une branche comme agrès sous une lumière de cocon intime. Mais la forêt, c’est aussi la maison des créatures hybrides, aussi inquiétantes que fascinantes: voici donc Phasmes, du nom de ces insectes qui imitent si bien les brindilles, feuilles ou écorces qui les entourent. Dans cette seconde partie, deux corps enchâssés se déploient et se contractent comme un seul être, homme et femme à la fois, tour à tour rampant, galopant, sensuel ou étrange. Plongé dans une atmosphère de clair-obscur, le duo acrobatique cherche inlassablement un centre de gravité commun.

À la tête de ces deux poèmes de chorégraphie circassienne, Fanny Soriano, danseuse et acrobate aérienne, imprégnée d’une enfance passée au milieu de la forêt, aujourd’hui encore émerveillée par la magie des faisceaux de lumière qui traversent les feuillages ou par les fourmis qui portent des branches cent fois plus lourdes qu’elles. Hêtre et Phasmes portent en eux cette fascination pour la nature sylvestre, lieu de contemplation et de retrouvailles avec soi-même, espace de fusion possible avec le monde. Une ode au végétal et à notre capacité de métamorphose, mais aussi à la danse lorsqu’elle fusionne avec le cirque pour devenir un autre art.